La fin du hameau de Charnoy
Au début du XVIIème siècle, le village de Charnoy comportait entre 300 et 350 habitants et se situait au confluent de la Sambre, au pied d’une colline. Le territoire se trouve dans les Pays-Bas espagnols. Ce lieu d’exploitation de la houille abrite majoritairement des houilleurs et des agriculteurs. (André 1991) Le couple formé par le prince Lamoral de Gand et la comtesse de Middelbourg sont les seigneurs et propriétaires de ces terres.
Les Pays-Bas espagnols subissent la pression constante des forces françaises de Louis XIV et cherchent à renforcer leur dispositif de défense le long de la frontière. Le hameau de Charnoy se situe sur une colline escarpée entourée de deux ruisseaux (le Ry de Lodelinsart et le Ry du Spiniat et à pic sur la Sambre) et donc à la croisée des routes militaires et commerciales, ce qui en fait le lieu idéal pour la construction d’une nouvelle place forte pour les Espagnols. Les seigneurs du territoire cèdent leurs terres pour 24 000 florins (jamais perçus) au souverain d’Espagne.
Le Marquis Castel Rodrigo, gouverneur des Pays-Bas pose la première pierre de la forteresse le 3 septembre 1666.
Le curé Jacques Gilson enregistre cet événement dans son registre paroissial, notant ainsi la naissance de la nouvelle ville qui succède au village de Charnoy. Dans son registre, Gilson mentionne le 263ème baptême de Charnoy, avant de tracer une grande croix sur le reste de la page pour marquer la fin du village. Sur la page suivante, il indique l'année 1666, la date de fondation de Charleroi. Il continue ensuite avec le 264ème baptême, le premier sous le nom de Charles-Roy, ville désormais espagnole. Cette forteresse porta le nom de Charnoy en l’honneur du roi d’Espagne, Charles II.
L’ingénieur Salomon Van Es dessine une enceinte hexagonale à six bastions et quatre bastions dotée d’une seule porte d’entrée nommée Porte de Bruxelles située au Nord.
Néanmoins la forteresse est vide d’hommes et inachevée en 1667, lorsque les Français s’emparent du territoire. Louis XIV décide de poursuivre l’œuvre des Espagnols et de repeupler le territoire. Le souverain charge Vauban d’améliorer les défenses et d’agrandir les fortifications.